Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/234

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nué ni les jouissances du roi, ni l’autorité dont il vouloit et pouvoit user. Ces institutions ne portoient pas atteinte non plus à la dignité des premières familles historiques de France ; au contraire, en les plaçant dans la chambre des pairs, on leur donnoit des prérogatives plus assurées, et qui les séparoient plus distinctement du reste de leur ordre. Ce n’étoient donc que les privilégiés de la seconde classe de la noblesse, et la puissance politique du haut clergé, qu’il falloit sacrifier. Les parlemens aussi craignoient de perdre les pouvoirs contestés auxquels ils avoient eux-mêmes renoncé, mais qu’ils regrettoient toujours ; peut-être même prévoyoient-ils d’avance l’institution des jurés, cette sauvegarde de l’humanité dans l’exercice de la justice. Mais encore une fois, les intérêts des corps n’étoient point unis à ceux de la prérogative royale, et, en voulant les rendre inséparables, les privilégiés ont entraîné le trône dans leur propre chute. Leur intention n’étoit sûrement pas de renverser la monarchie, mais ils ont voulu que la monarchie triomphât par eux et avec eux ; tandis que les choses en étoient venues au point qu’il falloit sacrifier sincèrement et clairement ce qui