Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/240

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sa place ; la reine ajouta que la sûreté de la personne du roi étoit attachée à ce qu’il restât ministre. Pouvoit-il ne pas obéir ? La reine s’engagea solennellement à ne plus suivre que ses conseils ; telle étoit alors sa résolution, parce que le mouvement populaire l’avoit émue : mais, comme elle étoit toujours convaincue que toute limite donnée à l’autorité royale étoit un malheur, elle devoit nécessairement retomber sous l’influence de ceux qui pensoient comme elle.

Le roi, l’on ne sauroit trop le dire, avoit toutes les vertus nécessaires pour être un monarque constitutionnel, car un tel monarque est plutôt le magistrat suprême que le chef militaire de son pays. Mais, quoiqu’il eût beaucoup d’instruction, et qu’il lût surtout avec intérêt les historiens anglais, le descendant de Louis XIV avoit de la peine à se départir de la doctrine du droit divin. Elle est considérée en Angleterre comme un crime de lèse-majesté, puisque c’est d’après un pacte avec la nation que la dynastie actuelle a été appelée au trône. Mais bien que Louis XVI ne fût nullement porté par son caractère à désirer le pouvoir absolu, ce pouvoir étoit un préjugé funeste, auquel, malheureusement pour la France