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CONSIDÉRATIONS

être anéantie du jour où il y avoit des députés de la nation réunis en France.

L’assemblée constituante, en proclamant la parfaite liberté des cultes, replaçoit la religion dans son sanctuaire, la conscience ; et douze siècles de superstition, d’hypocrisie et de massacres, ne laissoient plus de vestiges, grâce à quelques momens pendant lesquels le pouvoir s’étoit trouvé entre les mains d’hommes éclairés.

Les vœux religieux n’ont plus été reconnus par la loi ; chaque individu de l’un et de l’autre sexe pouvoit encore s’imposer les privations les plus bizarres, s’il croyoit plaire ainsi à l’auteur de toutes les jouissances vertueuses et pures ; mais la société ne s’est plus chargée de forcer les moines et les religieuses à rester dans leurs couvens, quand ils se repentoient des promesses infortunées que l’exaltation leur avoit inspirées. Les cadets de famille, que l’on forçoit souvent à prendre l’état ecclésiastique, se sont trouvés libres de leurs chaînes, et plus libres encore quand les biens du clergé furent devenus la propriété de l’état.

Cent mille nobles étoient exempts de payer des impôts. Ils ne pouvoient pas rendre raison d’une insulte à un citoyen, ou à un soldat du