Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/302

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
288
CONSIDÉRATIONS

CHAPITRE V.

de la liberté de la presse, et de la police pendant
l’assemblée constituante.

NON-SEULEMENT l’assemblée constituante mérite la reconnoissance du peuple françois pour la réforme des abus sous lesquels il étoit accablé ; mais il faut lui rendre encore hommage de ce que, seule entre les autorités qui ont gouverné la France, avant et depuis la révolution, elle a permis franchement et sincèrement la liberté de la presse. Sans doute elle l’a maintenue d’autant plus volontiers, qu’elle étoit certaine d’avoir l’opinion en sa faveur ; mais on ne peut être un gouvernement libre qu’à cette condition ; d’ailleurs, quoique la grande majorité des écrits fut dans le sens des principes de la révolution, les journaux des aristocrates attaquoient avec la plus grande amertume les individus du parti populaire, et leur amour-propre pouvoit en être irrité.

Avant 1789, la Hollande et l’Angleterre jouissoient seules en Europe d’une liberté de la presse garantie par les lois. Les journaux poli-