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CONSIDÉRATIONS

CHAPITRE VI.

Des divers partis qui se faisoient remarquer dans l’assemblée
constituante.

LA direction générale des esprits étoit la même dans tout le parti populaire, car tous vouloient la liberté ; mais il y avoit des divisions particulières dans la majorité comme dans la minorité de l’assemblée ; et la plupart de ces divisions étoient fondées sur les intérêts personnels qui commençoient à s’agiter. Quand l’influence des assemblées n’est pas renfermée dans les limites de la législation, et qu’une grande partie du pouvoir qui dispense l’argent et les emplois se trouve entre leurs mains, alors, dans tous les pays, mais surtout en France, les idées et les principes ne donnent plus lieu qu’à des sophismes qui font habilement servir les vérités générales aux calculs individuels.

Le côté des aristocrates, que l’on appeloit le côté droit, étoit composé presque en entier de nobles, de parlementaires et de prélats ; à peine trente membres du tiers état s’y