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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/32

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CONSIDÉRATIONS

liberté qui est ancienne, et le despotisme qui est moderne. Dans tous les états européens, fondés au commencement du moyen âge, le pouvoir des rois a été limité par celui des nobles ; les diètes en Allemagne, en Suède, en Danemark, avant sa charte de servitude, les parlemens en Angleterre, les cortès en Espagne, les corps intermédiaires de tout genre en Italie, prouvent que les peuples du Nord ont apporté avec eux des institutions qui resserroient le pouvoir dans une classe, mais qui ne favorisoient en rien le despotisme. Les Francs n’ont jamais reconnu leurs chefs pour despotes. L’on ne peut nier que, sous les deux premières races, tout ce qui avoit droit de citoyen, c’est-à-dire, les nobles, et les nobles étoient les Francs, ne participât au gouvernement. « Tout le monde sait, dit M. de Boulainvilliers, qui certes n’est pas philosophe, que les François étoient des peuples libres qui se choisissoient des chefs sous le nom de rois, pour exécuter des lois qu’eux-mêmes avoient établies, ou pour les conduire à la guerre, et qu’ils n’avoient garde de considérer les rois comme des législateurs qui pouvoient tout ordonner selon leur bon plaisir. Il ne reste aucune ordonnance des deux premières races de la