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CONSIDÉRATIONS

CHAPITRE VII.

Des fautes de l’assemblée constituante en fait
d’administration.

TOUTE la puissance du gouvernement étoit tombée entre les mains de l’assemblée, qui pourtant ne devoit avoir que des fonctions législatives ; mais la division des partis amena malheureusement la confusion des pouvoirs. La défiance qu’excitoient les intentions du roi, ou plutôt celles de sa cour, empêcha qu’on ne lui donnât les moyens nécessaires pour rétablir l’ordre ; et les chefs de l’assemblée ne combattirent point cette défiance, afin de s’en faire un prétexte pour exercer une inspection immédiate sur les ministres. M. Necker étoit naturellement l’intermédiaire entre l’autorité royale et l’assemblée nationale. L’on savoit bien qu’il ne vouloit trahir ni les droits de l’une, ni ceux de l’autre ; mais les députés qui lui restoient attachés malgré sa modération politique, croyoient que les aristocrates le trompoient, et ils le plaignoient d’être leur dupe. Il n’en étoit rien cependant :