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CONSIDÉRATIONS

CHAPITRE XI.

Des événemens du 5 et du 6 octobre.

AVANT de retracer des jours trop funestes il faut se rappeler qu’à l’époque de la révolution depuis près d’un siècle, en France et dans le reste de l’Europe on jouissoit d’une sorte de tranquillité qui tendoit, il est vrai, au relâchement et à la corruption, mais qui étoit en même temps la cause et l’effet de mœurs fort douces. Personne n’imaginoit, en 1789, qu’il existât des passions véhémentes sous ce repos apparent. Ainsi l’assemblée constituante s’est livrée sans crainte au généreux désir d’améliorer le sort du peuple. On ne l’avoit vu qu’asservi et l’on ne soupçonnoit pas ce qui n’a été que trop prouvé depuis, c’est que, la violence de la révolte étant toujours en proportion de l’injustice de l’esclavage, il falloit opérer en France les changemens avec d’autant plus de prudence que l’ancien régime avoit été plus oppresseur.

Les aristocrates diront qu’ils ont prévu tous nos malheurs ; mais les prédictions, provo-