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CONSIDÉRATIONS

affaires d’état ; il est beaucoup moins riche que ne l’étoit celui de France, puisqu’il n’existe en Angleterre ni couvent, ni abbaye, ni rien de semblable. Les prêtres anglais se marient, et font ainsi partie de la société. Enfin, le clergé françois a long-temps hésité entre l’autorité du pape et celle du roi ; et, lorsque Bossuet a soutenu ce qu’on appelle les libertés de l’Église gallicane, il a, dans sa politique sacrée, conclu l’alliance de l’autel et du trône, mais en la fondant sur les maximes de l’intolérance religieuse et du despotisme royal.

Lorsque les prêtres en France sont sortis de la vie retirée pour se mêler de la politique, ils y ont porté presque toujours un genre d’audace et de ruse très-défavorable au bien du pays. L’habileté d’esprit qui distingue des hommes obligés de bonne heure à concilier deux choses opposées, leur état et le monde ; cette habileté est telle, que depuis deux cents ans ils se sont constamment insinués dans les affaires, et la France a presque toujours eu pour ministres des cardinaux et des évêques. Les Anglais, malgré la libéralité de principes qui dirige leur clergé, n’admettent point les ecclésiastiques du second ordre dans la chambre des communes, et il n’y a pas d’exemple qu’un