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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/389

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CHAPITRE XVI.

De la fédération du 14 juillet 1790.

MALGRÉ les fautes que nous venons d’indiquer, l’assemblée constituante avoit opéré tant de bien, et triomphé de tant de maux, qu’elle étoit adorée de la France presque entière. Il falloit une grande connaissance des principes de la législation politique, pour s’apercevoir de tout ce qui manquoit à l’œuvre de la constitution, et l’on jouissoit de la liberté, quoique les précautions prises pour sa durée ne fussent pas bien combinées. La carrière ouverte à tous les talens excitoit l’émulation générale ; les discussions d’une assemblée éminemment spirituelle, le mouvement varié de la liberté de la presse, la publicité sous tous les rapports essentiels, délivroient de ses chaînes l’esprit françois, le patriotisme françois, enfin toutes les qualités énergiques dont on a vu depuis des résultats quelquefois cruels, mais toujours gigantesques. On respiroit plus librement, il y avoit plus d’air dans la poitrine, et l’espoir indéfini d’un bonheur sans entraves s’étoit emparé de la nation dans