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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/416

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CONSIDÉRATIONS

CHAPITRE XX.

Mort de Mirabeau.

UN grand seigneur brabançon, d’un esprit sage et pénétrant, étoit l’intermédiaire entre la cour et Mirabeau ; il avoit obtenu de lui de se concerter secrètement par lettres avec le marquis de Bouillé, le général en qui la famille royale avoit le plus de confiance. Il paraît que le projet de Mirabeau étoit de conduire le roi à Compiègne, au milieu des régimens dont M. de Bouillé se croyoit sûr, et d’y appeler l’assemblée constituante, pour la dégager de l’influence de Paris, et la soumettre à celle de la cour. Mais en même temps Mirabeau avoit l’intention de faire adopter la constitution anglaise, car jamais un homme vraiment supérieur ne souhaitera le rétablissement du pouvoir arbitraire. Un caractère ambitieux pourroit se complaire dans ce pouvoir, s’il étoit sûr d’en disposer toute sa vie ; mais Mirabeau savoit très-bien que, parvînt-il à relever en France la monarchie sans limites, la direction de cette monarchie ne lui seroit pas long-temps accordée