Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/432

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
418
CONSIDÉRATIONS

ticles constitutionnels. Mais l’assemblée nationale a donné ce titre à presque tous ses décrets ; soit qu’elle voulût ainsi se soustraire à la sanction du roi, soit qu’elle se fît une sorte d’illusion d’auteur sur la perfection et la durée de son propre ouvrage.

Les hommes sensés cependant parvinrent à faire diminuer le nombre des articles constitutionnels ; mais une discussion s’éleva pour savoir si l’on ne décideroit pas que tous les vingt ans une nouvelle assemblée constituante se réuniroit pour réviser la constitution qu’on venoit d’établir, bien entendu que dans cet intervalle on n’y changeroit rien. Quelle confiance dans la stabilité d’un tel ouvrage ! et comme elle a été trompée !

Enfin l’on décréta qu’aucun article constitutionnel ne pourroit être modifié que sur la demande de trois assemblées consécutives. C’étoit se faire une étonnante idée de la patience humaine sur des objets d’une telle importance.

Les François, d’ordinaire, ne voient guère dans la vie que le réel des choses, et ils tournent assez volontiers en dérision les principes, s’ils leur paroissent un obstacle au succès momentané de leurs désirs ; mais l’assemblée