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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

CHAPITRE XXIII.

Acceptation de la constitution appelée constitution
de 1791.

AINSI finit cette fameuse assemblée qui réunit tant de lumières à tant d’erreurs, qui a fait un bien durable, mais un grand mal immédiat, et dont le souvenir servira long-temps encore de prétexte aux attaques des ennemis de la liberté.

Voyez, disent-ils, ce qu’ont produit les délibérations des hommes les plus éclairés de France. Mais aussi pourroit-on leur répondre : Songer à ce que doivent être les hommes qui, n’ayant jamais exercé aucun droit politique, se trouvent tout à coup en possession d’une jouissance funeste à tous les individus, le pouvoir sans bornes ; ils seront long-temps avant de savoir qu’une injustice soufferte par un citoyen quelconque, ami ou ennemi de la liberté, retombe sur la tête de tous ; ils seront long-temps avant de connoitre la théorie de la liberté, si simple quand on est né dans un