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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/58

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CONSIDÉRATIONS

emprisonnemens, sans cesse renouvelés, n’avoient pu vaincre l’opposition du parlement, et l’on avoit été forcé de substituer à ce corps, dont la résistance étoit soutenue par l’opinion, une magistrature sans considération, présidée par un chancelier mésestimé, M. de Maupeou. Les nobles, si soumis sous Louis XIV, prenoient part au mécontentement général. Les grands seigneurs, et les princes du sang eux-mêmes, allèrent rendre hommage à un ministre, M. de Choiseul, exilé parce qu’il avoit résisté au méprisable ascendant de l’une des maîtresses du roi. Des modifications dans l’organisation politique étoient souhaitées par tous les ordres de l’état, et jamais les inconvéniens de l’arbitraire ne s’étoient fait sentir avec plus de force que sous un règne qui, sans être tyrannique, avoit été d’une inconséquence perpétuelle. Cet exemple démontroit plus qu’aucun raisonnement le malheur de dépendre d’un gouvernement qui tomboit entre les mains des maîtresses, puis des favoris et des parens des maîtresses, jusqu’au plus bas étage de la société. Le procès de l’ordre de choses qui régissoit la France, s’étoit instruit sous Louis XV, de la façon la plus authentique, aux yeux de la nation ; et de quelque vertu que le successeur