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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

Certes, ce n’étoit pas un philosophe novateur que ce vieux courtisan ; il ne s’étoit occupé, durant quarante ans d’exil, que du regret de n’avoir pas su prévenir sa disgrâce ; aucune action courageuse ne la lui avoit méritée ; une intrigue manquée étoit le seul souvenir qu’il eût emporté dans sa retraite, et il en sortit tout aussi frivole que s’il ne se fût pas un instant éloigné de cette cour, l’objet unique de ses pensées. Louis XVI ne choisit M. de Maurepas que par un sentiment de respect pour la vieillesse, sentiment très-honorable dans un jeune roi.

Cet homme, cependant, pour qui les termes mêmes qui désignent le progrès des lumières et les droits des nations, étoient un langage étranger, se vit tellement entraîné par l’opinion publique, à son insu, que le premier acte qu’il proposa au roi, fut de rappeler les anciens parlemens, bannis pour s’être opposés aux abus du règne précédent. Ces parlemens plus convaincus de leur force par leur rappel même, résistèrent constamment au ministre de Louis XVI, jusqu’au moment où ils aperçurent que leur propre existence politique étoit compromise par les mouvemens qu’ils avoient provoqués.