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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/73

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ressources financières de l’état. Néanmoins, il n’avoit pas l’idée de proposer le moindre changement à l’organisation politique de la France. Si les circonstances n’avoient pas forcé le roi lui-même à ce changement, M. Necker ne se seroit jamais cru le droit de s’en mêler. Il considéroit, avant tout, le devoir individuel et présent auquel il se trouvoit lié ; et, quoiqu’il fût plus convaincu que personne des avantages d’un gouvernement représentatif, il ne pensoit pas qu’une telle proposition pût partir d’un ministre nommé par le roi, sans que son souverain l’y eût autorisé positivement. D’ailleurs, il étoit dans la nature de son caractère et de son esprit, d’attendre les circonstances, et de ne pas prendre sur lui les résolutions qu’elles peuvent amener. Bien que M. Necker fût très-prononcé contre des priviléges tels que les droits féodaux et les exemptions d’impôts, il vouloit entrer en traité avec les possesseurs de ces priviléges, afin de ne jamais sacrifier sans ménagement les droits présens aux biens futurs. Ainsi, lorsque, d’après sa proposition, le roi abolit dans ses domaines les restes de la servitude personnelle, la mainmorte, etc., l’autorité royale ne prononça rien sur la conduite que devoient tenir les seigneurs à cet égard.