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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/75

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très-mécontens de M. Necker ; et, d’un autre côté, les amis ardens de la liberté se sont plaints de la constante persévérance avec laquelle il a défendu, non-seulement l’autorité royale, mais les propriétés même abusives des classes privilégiées, lorsqu’il croyoit possible de les racheter, au lieu de les supprimer sans compensation. N. Necker se trouva placé par les circonstances, comme le chancelier de l’Hôpital, entre les catholiques et les protestans. Car les querelles politiques de la France dans le dix-huitième siècle, peuvent être comparées aux dissensions religieuses du seizième ; et M. Necker, comme le chancelier de l’Hôpital, essaya de rallier les esprits à ce foyer de raison qui étoit au fond de son cœur. Jamais personne n’a réuni d’une façon plus remarquable la sagesse des moyens à l’ardeur pour le but.

M. Necker ne se déterminoit à aucune démarche sans une délibération longue et réfléchie, dans laquelle il consultoit tour à tour sa conscience et son jugement, mais nullement son intérêt personnel. Méditer, pour lui, c’étoit se détacher de soi-même ; et, de quelque manière qu’on puisse juger les divers partis qu’il a pris, il faut en chercher la cause hors des mobiles ordinaires des actions des hommes :