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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/90

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exactement acquittées ; mais là détresse du trésor royal étoit si habituelle, qu’on négligeoit, faute d’argent, les soins les plus nécessaires à l’humanité. L’on ne peut se faire une idée de l’état dans lequel monsieur et madame Necker trouvèrent les prisons et les hôpitaux de Paris. Je nomme madame Necker à cette occasion, parce qu’elle a consacré tout son temps, pendant le ministère de son mari, à l’amélioration des établissemens de bienfaisance, et qu’à cet égard les changemens les plus remarquables furent opérés par elle.

Mais M. Necker sentit plus vivement que personne combien la bienfaisance d’un ministre même est peu de chose au milieu d’un royaume aussi vaste et aussi arbitrairement gouverné que la France ; et ce fut son motif pour établir des assemblées provinciales, c’est-à-dire, des conseils composés des principaux propriétaires de chaque province, dans lesquels on discuteroit la répartition des impôts et les intérêts locaux de l’administration. M. Turgot en avoit conçu l’idée ; mais aucun ministre du roi, avant M. Necker, ne s’étoit senti le courage de s’exposer à la résistance que devoit rencontrer une institution de ce genre ; et il étoit à prévoir que les parlemens et les courtisans,