Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
84
CONSIDÉRATIONS

quelque évidence nouvelle par cet ouvrage, je m’en tiens aux administrations provinciales, et je demande s’ils étoient les vrais serviteurs du roi, ceux qui vouloient lui persuader que ces administrations diminuoient son autorité.

La quotité des impôts n’étoit point soumise à leur décision : la répartition de la somme fixée d’avance leur étoit seule accordée. Etoit-ce donc un avantage pour la couronne, que l’impôt, mal subdivisé par un mauvais intendant, fît souffrir le peuple, et le révoltât plus encore contre l’autorité qu’un tribut, quelque considérable qu’il soit, quand il est sagement partagé ? Tous les agens du pouvoir en appeloient, dans chaque détail, à la volonté du roi : Les François ne sont contens que quand ils peuvent, en toute occasion, s’appuyer sur les désirs du prince. Les habitudes serviles sont chez eux invétérées ; tandis que les ministres, dans les pays libres, ne se fondent que sur le bien public. Il se passera du temps encore avant que les habitans de la France, accoutumés depuis plusieurs siècles à l’arbitraire, apprennent à rejeter ce langage de courtisan, qui ne doit pas sortir de l’enceinte des palais où il a pris naissance.

Le roi, sous le ministère de M. Necker, n’a