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CONSIDÉRATIONS

les passions. Le peuple et même les bourgeois n’étoient point atteints par les malheurs des classes élevées ; les habitans de Paris se promenoient dans les rues comme les Turcs pendant la peste, avec cette seule différence que les hommes obscurs pouvoient assez facilement se préserver du danger. En présence des supplices, les spectacles étoient remplis comme à l’ordinaire ; on publioit des romans intitulés : Nouveau voyage sentimental, l’Amitié dangereuse, Ursule et Sophie ; enfin toute la fadeur et toute la frivolité de la vie subsistoient à côté de ses plus sombres fureurs.

Nous n’avons point tenté de dissimuler ce qu’il n’est pas au pouvoir des hommes d’effacer de leur souvenir ; mais nous nous hâtons, pour respirer plus à l’aise, de rappeler dans le chapitre suivant les vertus qui n’ont pas cessé d’honorer la France, même à l’époque la plus horrible de son histoire.