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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

à sacrifier ses principes à sa sûreté, si l’occasion s’en présente.

Ce fut donc un grand malheur pour la France que d’être obligée de remettre la république entre les mains des conventionnels. Quelques-uns étoient doués d’une grande habileté ; mais ceux qui avoient participé au gouvernement de la terreur devoient nécessairement y avoir contracté des habitudes serviles et tyranniques tout ensemble. C’est dans cette école que Bonaparte a pris plusieurs des hommes qui, depuis, ont fondé sa puissance ; comme ils cherchoient avant tout un abri, ils n’étoient rassurés que par le despotisme.

La majorité de la convention vouloit punir quelques-uns des députés les plus atroces qui l’avoient opprimée ; mais elle traçoit la liste des coupables d’une main tremblante, craignant toujours qu’on ne put l’accuser elle-même des lois qui avoient servi de justification ou de prétexte à tous les crimes. Le parti royaliste envoyoit des agens au dehors, et trouvoit des partisans dans l’intérieur, par l’irritation même qu’excitoit la durée du pouvoir conventionnel. Néanmoins, la crainte de perdre tous les avantages de la révolution rattachoit le peuple et les soldats à l’autorité existante. L’ar-