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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

des querelles de parti ont brisé toutes vos relations ; vous ne connaissez plus personne dans cette patrie qui est la vôtre : mais à son nom, mais à son aspect, tout votre cœur est ému ; et, loin qu’il faille combattre de telles impressions comme des chimères, elles doivent servir de guide à l’homme vertueux.

Plusieurs écrivains politiques ont accusé l’émigration de tous les maux arrivés à la France. Il n’est pas juste de s’en prendre aux erreurs d’un parti des crimes de l’autre ; mais il paroît démontré néanmoins qu’une crise démocratique est devenue beaucoup plus probable, quand tous les hommes employés dans la monarchie ancienne, et qui pouvoient servir à recomposer la nouvelle, s’ils l’avoient voulu, ont abandonné leur pays. L’égalité s’offrant alors de toutes parts, les hommes passionnés se sont trop abandonnés au torrent démocratique ; et le peuple, ne voyant plus la royauté que dans le roi, a cru qu’il suffisoit de renverser un homme pour fonder une république.