Page:De Staël – La Révolution française, Tome II.djvu/232

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
225
SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

QUATRIÈME PARTIE.

CHAPITRE PREMIER.

Nouvelles d’Égypte ; retour de Bonaparte.

RIEN n’étoit plus propre à frapper les esprits que la guerre d’Égypte ; et, bien que la grande victoire navale remportée par Nelson près d’Aboukir en eût détruit les avantages possibles, des lettres datées du Caire, des ordres qui partoient d’Alexandrie pour arriver jusqu’aux ruines de Thèbes, vers les confins de l’Éthiopie, accroissoient la réputation d’un homme qu’on ne voyoit plus, mais qui sembloit de loin un phénomène extraordinaire. Il mettoit à la tête de ses proclamations : Bonaparte, général en chef, et membre de l’Institut national ; on en concluoit qu’il étoit ami des lumières, et qu’il protégeoit les lettres ; mais la garantie qu’il donnoit à cet égard n’étoit pas plus sûre que sa profession de foi mahométane, suivie de son concordat avec