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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

rendre les maîtres du monde, afin qu’ils consentent à être ses esclaves ; et, si tel est son but, contre quelle puissance doit-il tourner ses regards inquiets, si ce n’est contre la Grande-Bretagne ? Quelques-uns ont prétendu qu’il ne vouloit avoir avec nous d’autre rivalité que celle du commerce ; heureux cet homme, si des vues administratives étoient entrées dans sa tête ! mais qui pourroit le croire ? il suit l’ancienne méthode des taxes exagérées et des prohibitions. Toutefois il voudroit arriver par un chemin plus court à notre perte ; peut-être se figure-t-il que ce pays une fois subjugué, il pourra transporter chez lui notre commerce, nos capitaux et notre crédit, comme il a fait venir à Paris les tableaux et les statues d’Italie. Mais ses ambitieuses espérances seroient bientôt trompées ; ce crédit disparaîtroit sous la griffe du pouvoir ; ces capitaux s’enfonceroient dans la terre, s’ils étoient foulés aux pieds d’un despote ; et ces entreprises commerciales seroient sans vigueur, en présence d’un gouvernement arbitraire. S’il écrit sur ses tablettes des notes marginales relatives à ce qu’il doit faire des divers pays qu’il a soumis ou qu’il veut soumettre, le texte entier est consacré à la destruction