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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

dans un de ses mandemens, exhorta la nation à reconnaître Napoléon comme souverain légitime de la France. Le ministre des cultes, se promenant alors avec un de ses amis, lui montra le mandement, et lui dit : « Voyez, il appelle l’empereur grand, généreux, illustre, tout cela est fort bien ; mais c’est légitime qui étoit le mot important dans la bouche d’un prêtre. » Pendant douze ans, à dater du concordat, les ecclésiastiques de tous les rangs n’ont laissé passer aucune occasion de louer Bonaparte à leur manière, c’est-à-dire, en l’appelant l’envoyé de Dieu, l’instrument de ses décrets, le représentant de la Providence sur la terre. Les mêmes prêtres ont depuis prêché sans doute une autre doctrine ; mais comment veut-on qu’un clergé, toujours aux ordres de l’autorité, quelle qu’elle soit, ajoute à l’ascendant de la religion sur les âmes ?

Le catéchisme qui a été reçu dans toutes les églises, pendant le règne de Bonaparte, menaçoit des peines éternelles quiconque n’aimeroit pas ou ne défendroit pas la dynastie de Napoléon. Si vous n’aimez pas Napoléon et sa famille, disoit ce catéchisme (qui, à cela près, est celui de Bossuet), que vous en arri-