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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

cinquième du total, et de n’être autorisé lui-même à agir comme conservateur, comme défenseur de la constitution, que sur l’avertissement et l’impulsion du tribunat. Quelle supériorité dans un sens ! quelle infériorité dans l’autre ! Rien ne paroît avoir été fait d’ensemble[1]. »

Sur ce point j’oserai n’être pas de l’avis de mon père : il y avoit un ensemble dans cette organisation incohérente ; elle avoit constamment et artistement pour but de ressembler à la liberté, et d’amener la servitude. Les constitutions mal faites sont très-propres à ce résultat ; mais cela tient toujours à la mauvaise foi du fondateur, car tout esprit sincère aujourd’hui sait en quoi consistent les ressorts naturels et spontanés de la liberté.

Passant ensuite à l’examen du corps législatif muet, dont nous avons déjà parlé, M. Necker dit, à propos de l’initiative des lois : « Le gouvernement, par une attribution exclusive, doit seul proposer toutes les lois. Les Anglois se croiroient perdus, comme hommes libres, si l’exercice d’un pareil droit étoit enlevé à leur parlement ; si la prérogative la plus im-

  1. Dernières vues de politique et de finances, p. 41.