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CONSIDÉRATIONS

CHAPITRE XII.

De la conduite de Napoléon envers le continent
européen
.

DEUX plans de conduite très-différens s’offroient à Bonaparte lorsqu’il se fit couronner empereur de France. Il pouvoit se borner à la barrière du Rhin et des Alpes, que l’Europe ne lui disputoit plus après la bataille de Marengo, et rendre la France, ainsi agrandie, le plus puissant empire du monde. L’exemple de la liberté constitutionnelle en France auroit agi graduellement, mais avec certitude, sur le reste de l’Europe. On n’auroit plus entendu dire que la liberté ne peut convenir qu’à l’Angleterre, parce qu’elle est une île ; qu’à la Hollande, parce qu’elle est une plaine ; qu’à la Suisse, parce que c’est un pays de montagnes ; et l’on auroit vu une monarchie continentale fleurir à l’ombre de la loi qui, après la religion dont elle émane, est ce qu’il y a de plus saint sur la terre.

Beaucoup d’hommes de génie ont épuisé tous leurs efforts pour faire un peu de bien,