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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

des mers, le conduisoit où il voulait, nécessitoit le voyage aux Indes, comme la paix la plus raisonnable, si tout à coup il lui convenoit de la signer. Enfin il avoit dans ces mots de ralliement un singulier avantage, celui d’animer les esprits sans les diriger contre le pouvoir. M. de Gentz et M. A. W. de Schlegel, dans leurs écrits sur le système continental, ont parfaitement traité les avantages et les inconvéniens de l’ascendant maritime de l’Angleterre, lorsque l’Europe est dans sa situation ordinaire. Mais au moins est-il certain que cet ascendant balançoit seul, il y a quelques années, la domination de Bonaparte, et qu’il ne seroit pas resté peut-être un coin de la terre pour y échapper, si l’océan anglois n’avoit pas entouré le continent de ses bras protecteurs.

Mais, dira-t-on, tout en admirant l’Angleterre, la France doit toujours être rivale de sa puissance, et de tout temps ses chefs ont essayé de la combattre. Il n’est qu’un moyen d’égaler l’Angleterre, c’est de l’imiter. Si Bonaparte, au lieu d’imaginer cette ridicule comédie de descente, qui n’a servi que de sujet aux caricatures angloises, et ce blocus continental, plus sérieux, mais aussi plus funeste ; si Bonaparte n’avoit voulu conquérir sur l’An-