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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

l’ordre social. Si Bonaparte s’étoit arrêté après quelques-unes de ses victoires, son nom et celui des armées françoises produisoient alors un tel effet, qu’il auroit pu se contenter de gardes nationales pour la défense du Rhin et des Alpes. Tout ce qu’il y a de bien dans les choses humaines a été en sa puissance ; mais la leçon qu’il devoit donner au monde était d’une autre nature.

Lors de la dernière invasion de la France, un général des alliés a déclaré qu’il feroit fusiller tout François simple citoyen, qui seroit trouvé les armes à la main ; des généraux françois avoient eu quelquefois le même tort en Allemagne : et cependant les soldats des armées de ligne sont beaucoup plus étrangers au sort de la guerre défensive que les habitans du pays. S’il étoit vrai, comme le disoit ce général, qu’il ne fût pas permis aux citoyens de se défendre contre les troupes réglées, tous les Espagnols seroient coupables, et l’Europe obéiroit encore à Bonaparte ; car, il ne faut pas l’oublier, ce sont les simples habitans de l’Espagne qui ont commencé la lutte ; ce sont eux qui, les premiers, ont pensé que les probabilités du succès n’étoient de rien dans le devoir de la résistance. Aucun de ces Espa-