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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

nent, citent aujourd’hui Burke comme l’ennemi de la révolution, ignorent peut-être qu’à chaque page il reproche aux François de ne s’être pas conformés aux principes de la constitution d’Angleterre.

« Je recommande aux François notre constitution, dit-il ; tout notre bonheur vient d’elle. La démocratie absolue, dit-il ailleurs[1], n’est pas plus un gouvernement légitime que la monarchie absolue. Il n’y a[2] qu’une opinion en France contre la monarchie absolue ; elle étoit à sa fin, elle expiroit sans agonie et sans convulsions ; toutes les dissensions sont venues de la querelle entre une démocratie despotique et un gouvernement balancé. »

Si la majorité de l’Europe, en 1789, approuvoit l’établissement d’une monarchie limitée en France, d’où vient donc, dira-t-on, que dès l’année 1791 toutes les provocations sont venues du dehors ? Car bien que la France ait imprudemment déclaré la guerre à l’Autriche en 1792, dans le fait les puissances étrangères se sont montrées, les premières, ennemies des

  1. Œuvres de Burke, vol. III, page 179.
  2. Page 183.