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CONSIDÉRATION

les amis de la liberté, on auroit pu sauver encore la France et le trône. Ce n’est ni la première ni la dernière fois que nous avons été et que nous serons appelés, dans le cours de cet ouvrage, à montrer que le bien ne peut s’opérer en France que par la réunion sincère des royalistes de l’ancien régime avec les royalistes constitutionnels. Mais dans ce mot de sincère, que d’idées sont renfermées !

Les constitutionnels avoient en vain demandé la permission d’entrer dans le palais du roi pour le défendre. Les invincibles préjugés des courtisans les en avoient écartés. Incapables cependant, malgré le refus qu’on leur faisoit subir, de se rallier au parti contraire, ils erroient autour du château, s’exposant à se faire massacrer pour se consoler de ne pouvoir se battre. De ce nombre étoient MM. de Lally, Narbonne, la Tour du Pin Gouvernet, Castellane, Montmorency, et plusieurs autres encore, dont les noms ont reparu dans toutes les circonstances honorables.

Avant minuit, le 9 août, les quarante-huit tocsins des sections de Paris commencèrent à se faire entendre, et toute la nuit ce son monotone, lugubre et rapide, ne cessa pas un instant. J’étois à ma fenêtre avec quelques-uns de mes