milièrement avec toutes les personnes distinguées de son temps ; et Louis XI lui-même, Louis XI soupoit chez les bourgeois, et les invitoit à sa table. L’empereur de Russie, les archiducs d’Autriche, les princes de la maison de Prusse, ceux d’Angleterre, enfin tous les souverains de l’Europe, vivent, à quelques égards, comme de simples particuliers. En France, au contraire, les princes de la famille royale ne sortent presque jamais du cercle de la cour. L’étiquette, telle qu’elle existoit jadis, est tout-à-fait en contradiction avec les mœurs et les opinions du siècle ; elle a le double inconvénient de prêter au ridicule, et cependant d’exciter l’envie. On ne veut être exclu de rien en France, pas même des distinctions dont on se moque ; et, comme on n’a point encore de route grande et publique pour servir l’état, on s’agite sur toutes les disputes auxquelles peut donner lieu le code civil des entrées à la cour. On se hait pour les opinions dont la vie peut dépendre, mais on se hait encore plus pour toutes les combinaisons d’amour-propre que deux règnes et deux noblesses ont développées et multipliées. Les François sont devenus si difficiles à contenter par l’accroissement infini des prétentions de toutes les
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