n’eût recours à l’aristocratie militaire, la plus funeste de toutes pour la liberté.
Les guerres civiles doivent finir par des concessions mutuelles, et déjà l’on voyoit les grands seigneurs se plier à la liberté pour plaire au roi ; la nation devoit gagner du terrain chaque jour ; les limiers de la force, qui sentent où elle est, et se précipitent sur ses traces, ne se rattachoient point alors aux royalistes exagérés. L’armée commençoit à prendre un air libéral : c’était, il est vrai, parce qu’elle regrettoit son ancienne influence dans l’état ; mais enfin la raison profitoit de l’humeur ; l’on entendoit des généraux de Bonaparte s’essayer à parler liberté de la presse, liberté individuelle, à prononcer ces mots dont ils avoient reçu la consigne, mais qu’ils auroient fini par comprendre, à force de les répéter.
Les hommes les plus respectables parmi les militaires souffroient des défaites de l’armée, mais ils reconnoissoient la nécessité d’arrêter les représailles continuelles qui détruiroient à la fin la civilisation. Car si les Russes devoient venger Moscou à Paris, et les François Paris à Pétersbourg, les promenades sanglantes des soldats à travers l’Europe anéantiroient les lumières et les jouissances de l’ordre social. D’ail-