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Page:De Staël – La Révolution française, Tome III.djvu/157

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CONSIDÉRATIONS

pompe mêlée de charlatanisme. Quand Napoléon revint à Paris après sa bataille perdue, il n’avoit sûrement aucune idée d’abdiquer, et son but étoit de demander aux deux chambres des secours en hommes et en argent, pour essayer une nouvelle lutte. Elles auroient dû tout accorder dans cette circonstance, plutôt que de céder aux puissances étrangères. Mais, si les chambres ont peut-être eu tort, arrivées à cette extrémité, d’abandonner Bonaparte, que dire de la manière dont il s’est abandonné lui-même ?

Quoi ! cet homme qui venoit d’ébranler encore l’Europe par son retour, envoie sa démission comme un simple général ! il n’essaye pas de résister ! Il y a une armée françoise sous les murs de Paris, elle veut se battre contre les étrangers, et il n’est pas avec elle, comme chef ou comme soldat ! Elle se retire derrière la Loire, et il traverse cette Loire pour aller s’embarquer, pour mettre sa personne en sûreté, quand c’est par son propre flambeau que la France est embrasée !

On ne sauroit se permettre d’accuser Bonaparte de manque de bravoure dans cette circonstance, non plus que dans celles de l’année précédente. Il n’a pas commandé l’armée françoise pendant vingt années sans s’être montré digne