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Page:De Staël – La Révolution française, Tome III.djvu/182

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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

plus en plus ; la réforme religieuse fermentoit dans toutes les têtes. Enfin la révolution éclata sous Charles Ier.

Les principaux traits d’analogie entre la révolution d’Angleterre et celle de France sont : un roi conduit à l’échafaud par l’esprit démocratique, un chef militaire s’emparant du pouvoir, et la restauration de l’ancienne dynastie. Quoique la réforme religieuse et la réforme politique aient beaucoup de rapports ensemble, cependant, quand le principe qui met les hommes en mouvement tient de quelque manière à ce qu’ils croient leur devoir, ils conservent plus de moralité que quand leur impulsion n’a pour mobile que le désir de recouvrer leurs droits. La passion de l’égalité étoit pourtant telle en Angleterre, qu’on mit la princesse de Gloucester, fille du roi, en apprentissage chez une couturière. Plusieurs traits non moins étranges dans ce genre pourroient être cités, quoique la direction des affaires publiques, pendant la révolution d’Angleterre, ne soit pas descendue dans des classes aussi grossières qu’en France. Les communes, ayant acquis plus tôt de l’importance par le commerce, étoient plus éclairées. Les nobles, qui de tout temps s’étoient ralliés à ces communes contre les usurpations du trône,