par les sentimens les plus vrais et les vertus les plus pures, étoient sous Charles II des fats, quelquefois tristes, mais toujours immoraux. Rochester, Wicherley, Congrève surtout, font de la vie humaine des tableaux qui semblent la parodie de l’enfer. Là, les enfans plaisantent sur la vieillesse de leurs pères ; là, les frères cadets aspirent à la mort de leur frère aîné. Le mariage y est traité selon les maximes de Beaumarchais : mais il n’y a point de gaieté dans ces saturnales du vice ; les hommes les plus corrompus ne peuvent rire à l’aspect d’un monde dont les méchans eux-mêmes ne sauroient se tirer. La mode, qui est encore la faiblesse des Anglois dans les petites choses, se jouoit alors de ce qu’il y a de plus important dans la vie. Charles II avoit sur sa cour, et sa cour avoit sur son peuple l’influence que le régent a exercée sur la France. Et quand on voit dans les galeries d’Angleterre les portraits des maîtresses de ce roi, méthodiquement rangés ensemble, on ne peut se persuader qu’il n’y ait guère plus de cent ans qu’une frivolité si dépravée secondoit, chez les Anglois, le pouvoir le plus absolu. Enfin, Jacques II, qui manifestoit ouvertement les opinions que Charles II faisoit avancer par des mines souterraines, régna pendant trois ans
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