Guillaume III étoit un homme d’état, ferme et sage, accoutumé, par son emploi de stathouder en Hollande, à respecter la liberté, soit qu’il l’aimât naturellement ou non. La reine Anne, qui lui succéda, étoit une femme sans talens, et ne tenant avec force qu’à des préjugés. Quoiqu’elle fût en possession d’un trône qu’elle auroit dû céder à son frère, d’après les principes de la légitimité, elle conservoit un faible pour la doctrine du droit divin ; et, bien que le parti des amis de la liberté l’eût faite reine, il lui inspiroit toujours un éloignement involontaire. Cependant les institutions politiques prenoient déjà tant de force, qu’au dehors comme au dedans, ce règne a été l’un des plus glorieux de l’Angleterre. La maison d’Hanovre acheva de garantir la réforme religieuse et politique ; néanmoins, jusqu’après la bataille de Culloden, en 1746, l’esprit de faction l’emporta encore souvent sur la justice. La tête du prince Edouard fut mise à prix pour 30,000 louis ; et, tant qu’on craignit pour la liberté, l’on eut de la peine à se résoudre au seul moyen de l’établir, c’est-à-dire, au respect de ses principes, quelles que soient les circonstances.
Mais, si on lit avec soin le règne des trois