tations individuelles, de l’autre, il y avoit tant de talens, d’instruction et de mérite chez les Anglois, qu’il étoit devenu très-difficile de primer au milieu de cette foule illustre.
En arrivant en Angleterre, aucun homme en particulier ne s’offroit à ma pensée : je n’y connaissais presque personne, mais j’y venais avec confiance. J’étais persécutée par un ennemi de la liberté ; je me croyais donc sûre d’une honorable pitié, dans un pays dont toutes les institutions étoient en harmonie avec mes sentimens politiques. Je comptais beaucoup aussi sur le souvenir de mon père pour me protéger, et je ne me suis pas trompée. Les vagues de la mer du Nord, que je traversais en venant de Suède, m’inspiroient encore de l’effroi, lorsque j’aperçus de loin l’île verdoyante qui seule avoit résisté à l’asservissement de l’Europe. Il n’y avoit là cependant que douze millions d’hommes ; car les cinq ou six millions de plus qui composent la population de l’Irlande ont souvent été livrés, pendant le cours de la dernière guerre, à des divisions intestines. Ceux qui ne veulent pas reconnaître l’ascendant de la liberté dans la puissance de l’Angleterre, ne cessent de répéter que les Anglois auroient été vaincus par Bonaparte,