Aller au contenu

Page:De Staël – La Révolution française, Tome III.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
199
SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

mentaire, et fit savoir qu’il apportoit une somme d’argent considérable pour les citoyens de Leyde, ruinés par leur récent malheur.

Mais tous ces miracles de la prospérité généreuse, à quoi faut-il les attribuer ? À la liberté, c’est-à-dire, à la confiance de la nation dans un gouvernement qui fait de la publicité le premier principe des finances, dans un gouvernement éclairé par la discussion et par la liberté de la presse. La nation, qui ne peut être trompée sous un tel ordre de choses, sait l’usage des impôts qu’elle paye, et le crédit public soutient l’incroyable poids de la dette angloise. Si, sans s’écarter des proportions, on essayoit quelque chose de semblable dans les états non représentatifs du continent européen, on ne pourroit aller au second pas d’une telle entreprise. Cinq cent mille propriétaires de fonds publics sont une grande garantie du payement de la dette, dans un pays où l’opinion et l’intérêt de chaque homme ont de l’influence. La justice, qui est synonyme de l’habileté, en matière de crédit, est portée si loin en Angleterre, qu’on n’a pas confisqué les rentes des François, pendant qu’ils s’emparoient de tous les biens des Anglois en France. On n’a pas même fait supporter aux étrangers l’impôt sur le revenu de la dette,