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Page:De Staël – La Révolution française, Tome III.djvu/226

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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

pistolet eût été tiré méchamment par le même homme contre le dernier des hommes alors présens dans la salle, le prisonnier que voici eût été mis en jugement sans aucun délai, et conduit immédiatement au supplice, s’il eût été trouvé coupable. Il n’auroit eu connoissance des preuves à sa charge qu’au moment de la lecture de son acte d’accusation ; il eût ignoré les noms et jusqu’à l’existence de ceux qui devoient prononcer son arrêt, et des témoins appelés à déposer contre lui. Mais il s’agit d’une tentative de meurtre sur la personne du roi lui-même, et voici mon client tout couvert de l’armure de la loi. Ce sont les juges institués par le roi qui l’ont pourvu d’un défenseur, non de leur choix, mais du sien. Il a eu copie de son acte d’accusation dix jours avant le commencement de la procédure. Il a connu les noms, demeures et qualités de tous les jurés présentés à la cour ; il a joui du privilége important de les récuser péremptoirement, sans motiver son refus. Il a eu de même la connoissance détaillée de tous les témoins admis à déposer contre lui ; enfin il faut aujourd’hui, pour le condamner, un témoignage double de celui qui suffiroit légalement pour établir son cri-