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Page:De Staël – La Révolution française, Tome III.djvu/254

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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

sabeth connaissoit à fond les langues anciennes, et parloit même le latin avec facilité ; jamais on n’a vu s’introduire, chez les princes ni chez les nobles d’Angleterre, cette fatuité d’ignorance qu’on a raison de reprocher aux gentilshommes françois. On diroit qu’ils se persuadent que le droit divin sur lequel ils fondent leurs priviléges, dispense entièrement de l’étude des sciences humaines. Une telle façon de voir ne sauroit exister en Angleterre, et n’y paraîtroit que ridicule. Rien de factice ne peut réussir dans un pays où tout est soumis à la publicité. Les grands seigneurs anglois seroient aussi honteux de n’avoir pas reçu une éducation classique distinguée, que jadis les hommes du second rang en France l’étoient de ne pas aller à la cour ; et ces différences ne tiennent pas, comme on le prétend, à la légèreté françoise. Les érudits les plus persévérans, les penseurs les plus profonds sont sortis de cette nation qui est capable de tout quand elle le veut ; mais ses institutions politiques ont été si mauvaises, qu’elles ont altéré ses bonnes qualités naturelles.

En Angleterre, au contraire, les institutions favorisent tous les genres de progrès intellectuels. Les jurés, les administrations de provinces et de villes, les élections, les journaux,