rens le chez soi (home) est le goût dominant des Anglois, et peut-être ce penchant a-t-il contribué à leur faire détester le système politique qui permet ailleurs d’exiler ou d’arrêter arbitrairement. Chaque ménage a sa demeure séparée ; et Londres est composé d’un grand nombre de petites maisons fermées comme des boîtes, et où il n’est guère plus facile de pénétrer. Il n’y a pas même beaucoup de frères et de sœurs qui aillent dîner les uns chez les autres sans être invités. Cette formalité ne rend pas la vie fort amusante ; et, dans le goût des Anglois pour les voyages, il entre l’envie de se soustraire à la contrainte de leurs usages, aussi bien que le besoin d’échapper aux brouillards de leur contrée.
Les plaisirs de la société, dans tous les pays, ne concernent jamais que la première classe, c’est-à-dire, la classe oisive qui, ayant un grand loisir pour l’amusement, y attache beaucoup de prix. Mais en Angleterre, où chacun a sa carrière et ses occupations, il arrive aux grands seigneurs comme aux hommes d’affaires des autres pays, d’aimer mieux le délassement physique, les promenades, la campagne, enfin tout plaisir où l’esprit se repose, que la conversation dans laquelle il faut penser et parler presque avec autant de soin que dans les affaires les