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Page:De Staël – La Révolution française, Tome III.djvu/335

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CONSIDÉRATIONS

l’administration de l’Irlande ; et, si l’Angleterre subsistoit long-temps entre l’Irlande et la France, dans l’état actuel, elle auroit de la peine à ne pas se ressentir de la mauvaise influence que son gouvernement exerce habituellement sur l’une et maintenant sur l’autre.

Le peuple ne rend heureux l’homme qui le sert que par la satisfaction de la conscience ; il ne peut inspirer de l’attachement qu’aux amis de la justice, aux cœurs disposés à sacrifier leurs intérêts à leurs devoirs. Il en est beaucoup, et beaucoup de cette nature en Angleterre ; il y a, dans ces caractères réservés, des trésors cachés qu’on ne discerne que par la sympathie, mais qui se montrent avec force, dès que l’occasion le demande : c’est sur eux que repose le maintien de la liberté. Toutes les divagations de la France n’ont point jeté les Anglois dans les extrêmes opposés ; et, bien que dans ce moment la conduite diplomatique de leur gouvernement soit très-répréhensibie, à chaque session le parlement améliore une ancienne loi, en prépare de nouvelles, traite des questions de jurisprudence, d’agriculture et d’économie politique avec des lumières toujours croissantes, enfin se perfectionne chaque jour ; tandis qu’ailleurs on voudroit tourner en ridicule ces progrès