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Page:De Staël – La Révolution française, Tome III.djvu/341

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CONSIDÉRATIONS

qu’à ceux d’Angleterre, les ultra-royalistes, suivant leur manière de penser, jouiront de cet excédant de force, et les amis de la liberté ne le redoutent point, si le gouvernement représentatif et ses garanties sont établis en France sincèrement et sans exception. L’existence de la chambre des pairs doit réduire, il est vrai, le nombre des familles nobles : mais l’intérêt public souffrira-t-il de ce changement ? Les familles historiques se plaindront-elles de voir associer à la pairie des hommes nouveaux que le roi et l’opinion en jugeroient dignes ? La noblesse, qui a le plus à faire pour se réconcilier avec la nation, seroit-elle la plus obstinément attachée à des prétentions inadmissibles ? Nous avons l’avantage, nous autres François, d’être plus spirituels, mais aussi plus bêtes qu’aucun autre peuple de l’Europe ; je ne sais si nous devons nous en vanter.

Des argumens qui méritent un examen plus sérieux, parce qu’ils ne sont pas inspirés seulement par de frivoles prétentions, se sont renouvelés contre la chambre des pairs à l’occasion de la constitution de Bonaparte. On a dit que l’esprit humain avoit fait de trop grands progrès en France pour supporter aucune distinction héréditaire. M. Necker a traité quinze