anciens chevaliers mouroient pour leur roi, et ainsi feroient tous les guerriers pour leurs chefs ; mais ces chevaliers, comme nous l’avons dit, n’étoient nullement les partisans du pouvoir absolu : ils cherchoient eux-mêmes à entourer ce pouvoir de barrières, et mettoient leur gloire à défendre une liberté aristocratique, il est vrai, mais enfin une liberté. Quant aux nobles qui sentent que les priviléges de l’aristocratie doivent à présent s’appuyer sur le despotisme que jadis ils servoient à limiter, on peut leur dire comme dans le roman de Waverley : « Ce qui vous importe, ce n’est pas tant que Jacques Stuart soit roi, mais que Fergus Mac-Ivor soit comte. » L’institution de la pairie accessible au mérite est, pour la noblesse, ce que la constitution angloise est pour la monarchie. C’est la seule manière de conserver l’une et l’autre ; car nous vivons dans un siècle où l’on ne conçoit pas bien comment la minorité, et une si petite minorité, auroit un droit qui ne seroit pas pour l’avantage de la majorité. Le sultan de Perse se faisoit rendre compte, il y a quelques années, de la constitution angloise par l’ambassadeur d’Angleterre à sa cour. Après l’avoir écouté, et, comme l’on va voir, assez bien compris : « Je conçois, lui dit-il, comment l’ordre de cho-
Page:De Staël – La Révolution française, Tome III.djvu/385
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
378
CONSIDÉRATIONS