Napoléon : « Vous pouvez le mander à votre empereur, lui dit-il ; Napoléon est perdu, bien que cette prise de Moscou semble le plus grand exploit de sa carrière militaire. » J’étais près de lui quand il s’exprima ainsi, et j’avoue que je ne croyais pas entièrement à ses prophéties. Mais sa grande connaissance de l’art militaire lui révéla l’événement le plus inattendu pour tous. Dans les vicissitudes de l’année suivante, le prince de Suède rendit d’éminens services à la coalition, soit en se mêlant activement et savamment de la guerre, dans les momens les plus difficiles, soit en soutenant l’espoir des alliés lorsque, après les batailles gagnées en Allemagne par l’armée nouvelle sortie de terre à la voix de Bonaparte, on recommençoit à croire les François invincibles.
Néanmoins le prince de Suède a des ennemis en Europe, parce qu’il n’est point entré en France avec ses troupes, quand les alliés, après leur triomphe à Leipsick, passèrent le Rhin et se dirigèrent sur Paris. Je crois très-facile de justifier sa conduite en cette occasion. Si l’avantage de la Suède avoit exigé que la France fût envahie, il devait, en l’attaquant, oublier qu’il étoit François, puisqu’il avoit accepté l’honneur d’être chef d’un autre état ; mais la