cela se conçoit : mais M. de Talleyrand devoit-il le souffrir ? et ne doit-on pas conclure de cette négligence apparente, qu’un homme aussi pénétrant vouloit déjà plaire aux royalistes non constitutionnels, en laissant altérer dans l’opinion le respect que méritoient d’ailleurs les principes énoncés dans la déclaration du sénat ? C’étoit faciliter au roi le moyen de dédaigner cette déclaration, et de revenir sans aucun genre d’engagement préalable.
M. de Talleyrand se flattoit alors que pour tant de complaisance il échapperoit à l’implacable ressentiment de l’esprit de parti. Avoit-il eu pendant toute sa vie assez de fidélité, en fait de reconnaissance, pour imaginer qu’on n’en manqueroit jamais envers lui ? Espéroit-il échapper seul au naufrage de son parti, quand toute l’histoire nous apprend qu’il est des haines politiques à jamais irréconciliables ? Les hommes à préjugés, dans toute réformation, ne pardonnent point à ceux qui ont participé de quelque manière aux idées nouvelles ; aucune pénitence, aucune quarantaine ne peut les rassurer à cet égard : ils se servent des individus qui abjurent ; mais, si ces prétendus convertis veulent retenir quelques demi-principes dans quelques petites circonstances, la fureur se ranime