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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome I, 1807.djvu/121

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CORINNE OU L’ITALIE


CHAPITRE III


ON passe, en allant à St.-Pierre sur le pont St.-Ange, et Corinne et lord Nelvil le traversèrent à pied. — C’est sur ce pont, dit Oswald, qu’en revenant du Capitole j’ai pour la première fois pensé long-temps à vous. — Je ne me flattais pas, reprit Corinne, que ce couronnement du Capitole me vaudrait un ami, mais cependant en cherchant la gloire, j’ai toujours espéré qu’elle me ferait aimer. À quoi servirait-elle, du moins aux femmes, sans cet espoir ! — Restons encore ici quelques instans, dit Oswald. Quel souvenir, entre tous les siècles, peut valoir pour mon cœur ce lieu qui me rappelle le jour où je vous ai vue. — Je ne sais si je me trompe, reprit Corinne, mais il me semble qu’on se devient plus cher l’un à l’autre, en admirant ensemble les monumens qui parlent à l’ame par une véritable grandeur. Les édifices de Rome ne sont ni froids, ni muets ; le génie les a conçus, des événemens mémorables les consacrent ; peut-être même faut-il aimer, Oswald, aimer sur-