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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome I, 1807.djvu/125

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CORINNE OU L’ITALIE

Oswald sentit une émotion tout à fait extraordinaire en arrivant en face de St.-Pierre. C’était la première fois que l’ouvrage des hommes produisait sur lui l’effet d’une merveille de la nature. C’est le seul travail de l’art, sur notre terre actuelle, qui ait le genre de grandeur qui caractérise les œuvres immédiates de la création. Corinne jouissait de l’étonnement d’Oswald. — J’ai choisi, lui dit-elle, un jour où le soleil est dans tout son éclat pour vous faire voir ce monument. Je vous réserve un plaisir plus intime, plus religieux, c’est de le contempler au clair de la lune ; mais il fallait d’abord vous faire assister à la plus brillante des fêtes, le génie de l’homme décoré par la magnificence de la nature.

La place de Saint-Pierre est entourée par des colonnes légères de loin, et massives de près. Le terrain, qui va toujours un peu en montant jusqu’au portique de l’église, ajoute encore à l’effet qu’elle produit. Un obélisque de 80 pieds de haut, qui paraît à peine élevé en présence de la coupole de Saint-Pierre, est au milieu de la place. La forme des obélisques elle seule a quelque chose qui plaît à l’imagination ; leur sommet se perd dans les airs, et semble porter jusqu’au ciel une grande pensée de l’homme. Ce monument, qui vint d’Égypte pour orner