VOYAGER est, quoi qu’on en puisse dire, un
des plus tristes plaisirs de la vie. Lorsque vous
vous trouvez bien dans quelque ville étrangère,
c’est que vous commencez à vous y faire une
patrie ; mais traverser des pays inconnus, entendre
parler un langage que vous comprenez à
peine, voir des visages humains sans relation
avec votre passé ni avec votre avenir, c’est de la
solitude et de l’isolement sans repos et sans dignité ;
car cet empressement, cette hâte pour arriver
là où personne ne vous attend, cette agitation
dont la curiosité est la seule cause, vous
inspire peu d’estime pour vous-même, jusqu’au
moment où les objets nouveaux deviennent un
peu anciens, et créent autour de vous quelques
doux liens de sentiment et d’habitude.
Oswald éprouva donc un redoublement de tristesse en traversant l’Allemagne pour se